Vous avez dit DUBLIN ? Une ballade irlandaise ?

 

 

Mimi a fui Kinshasa suite à sa participation aux marches de catholiques. A l’appel de l’opposition et des églises, ces manifestants demandaient le départ du chef de l’état qui se maintient au pouvoir en dépit de la constitution du pays, et réprime de manière sanglante toute velléité d’opposition .Les manifestants pacifiques demandaient la tenue d’élections. Atteinte à la sécurité de l’état. Des morts, des arrestations, des tortures. Mimi a subit cela ainsi que le harcèlement policier et les menaces militaires.

Pas moyen d’obtenir un visa pour la France où elle pense pouvoir trouver asile et fuir ces violences. Alors elle entreprend un long et difficile voyage à travers l’Afrique qui l’amène au Maroc. Elle a emmené avec elle quelques souvenirs de sa petite fille laissée pour sa sécurité à sa grand-mère, quelques documents. Sur la côte méditerranéenne, elle réussit à monter dans un « petit bateau » et arrive sur la côte Espagnole. Le bateau a failli sombrer avant l’arrivée, mais la Croix Rouge a récupéré les passagers à temps.

Le règlement Dublin oblige les pays où arrivent les demandeurs d’asile à les identifier par leurs empreintes et à les enregistrer dans une base de données. Ce pays doit examiner leur demande d’asile. Mimi obligée de déposer ses empreintes, ne fait pas de demande d’asile en Espagne. Au bout de quelques mois d’errance, elle finit par arriver en France, pays de sa destination. Elle parle notre langue et elle pense avoir la possibilité de s’intégrer dans notre pays que tous continuent de percevoir comme « le pays des droits de l’homme »

Au guichet de la demande d’asile, ses empreintes montrent que c’est l’Espagne qui est contrainte d’examiner sa demande .Elle doit être transférée. Elle est assignée à résidence. Chaque matin, elle se présente aux autorités pour apposer sa signature. Elle est encore sous le choc des circonstances violentes de son arrestation à Kinshasa, de la séparation de sa petite fille, de son errance où en tant que femme elle a subi d’autres violences. Son état psychique est très mauvais. Elle reçoit des soins et fait face peu à peu.

Un matin, comme chaque jour, Mimie arrive à l’hôtel de Police, laissant dans sa chambre ses affaires personnelles car elle n’a pas encore été convoquée pour le retour en Espagne. Mais elle n’en ressortira que pour monter dans le véhicule qui l’emmènera en centre de rétention où elle passera la nuit suivante, avant d’être transférée au petit matin vers l’aéroport. Elle n’a pas pu exercer son droit de recours au Juge des Libertés, auquel les personnes ont normalement accès, en pareil cas. Celui-ci aurait pu ordonner sa libération au vu de la violence inhumaine de ce « rapt » et lui permettre de récupérer ses affaires personnelles.

Depuis lors, Mimi erre dans les rues de Madrid où a atterri son avion. Quel est l’avenir de cette très jeune femme isolée et vulnérable? Si elle sollicitait à nouveau la France, elle serait condamnée à subir un nouveau transfert, et même, décisions récentes de notre gouvernement, à subir une peine de prison.

Sous le nom de cette jolie ville d’Irlande, la « procédure Dublin » signifie la négation du droit d’asile. L’Espagne et l’Italie ne sont pas les pays de destination de la plupart des Africain.e.s qui tentent de survivre en s’exilant. Pourquoi devraient-ils à eux seuls accueillir malgré eux la totalité de leurs demandes? Pourquoi ces femmes et ces hommes, ces enfants, devraient-ils être condamnés à une errance interminable dans le rôle de la balle de ping-pong entre une Italie hostile aux réfugiés, une Espagne en difficulté pour organiser leur accueil et une France qui prétend résoudre l’injustice sociale en se fermant à la solidarité.

 

STOP DUBLIN !

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