Retour sur les différentes déclarations relatives aux chômage et la nécessité pour Pôle Emploi de mieux accompagner les demandeurs-euses d’emploi.

Il faut « renforcer les contrôles des chômeurs pour vérifier qu’ils cherchent bien un emploi » ! Ca c’était il y a un mois ! Ces propos du ministre de l’emploi, du travail, et du chômage comme le souligne « potachement » les députés de l’opposition (source « le Petit journal »et l’Assemblée Nationale), avaient mis en émois la gauche toute entière déplorant cette stigmatisation des demandeurs d’emplois. Oui mais ça c’était avant ! Depuis il y a eu M. le 1er ministre qui « aime les entreprises » dans toutes les langues et s’interroge sur la nécessité au nom de « l’efficacité et l’équité » de revoir les règles de l’assurance chômage en 2D à savoir Durée et Dégressivité. Et puis, tout dernièrement, M. Macron, fringuant ministre de l’économie qui assène qu’il est nécessaire de réformer le régime d’indemnisation du chômage.

Sale temps pour les demandeurs d’emplois mais pas que ! Sale temps aussi pour nous conseillers car si les régions pilotes en matière de lutte contre les fraudes font état de 20% de DE qui ne recherchent pas d’emploi, la cause majeure n’est pas la fraude mais le découragement. C’est M le Ministre du travail, de l’emploi et … du dialogue social qui le dit (chat échaudé craint l’eau froide ?), « Il peut y avoir la maladie, il peut y avoir des raisons familiales, il peut y en avoir qui sont démoralisés, découragés (…) ».
Et s’ils sont découragés qui est responsable ? « Je pense qu’on va en tirer comme conclusion que Pôle emploi doit faire mieux pour accompagner » poursuit M Rebsamen.

Ben alors, la technique du chouchou, les 3 Suisses Suivis, Renforcé-Guidé-Suivi calibrés 70-150-350, n’a pas fait ses preuves ? Apparemment non surtout si l’on ramène le nombre de demandeurs d’emplois au nombre de conseillers qui ont un portefeuille. En aout 2014, 119 097 DE inscrits en catégorie A,B,C pour 1100 agents Pôle Emploi soit en moyenne 108 DE par conseiller cool ! Oui mais non car si on retire des effectifs conseillers les structures (DR-DT), les équipes spécialisées qui ne suivent pas à proprement dit de DE (MRS, EOS, plateforme liquidation), les hiérarchiques (DAPES, REP, RRA), les collègues en contrats aidés (Emplois d’avenir, CUI), … on est loin de ce chiffre. Nous arrivons à une moyenne de 162 DE par conseiller qui court après les plages GPF pour pouvoir assurer le suivi dans le cadre des jalons obligatoires. L’autonomie du conseiller en matière de gestion de son portefeuille s’arrête donc aux injonctions statisticiennes et est assujettie aux services contraints (EID, SARC, Accueil…).

Oui, M. le ministre du travail, de l’emploi et du dialogue social, Pôle Emploi doit mieux accompagner. Les conseillers ne demandent que cela, avoir du temps pour recevoir, avoir du temps pour prospecter, avoir du temps pour analyser leurs portefeuilles… Mais comment dégager du temps, quand la planification en EID représente parfois près de 50% des activités hebdomadaires, quand les actes administratifs (traitement de fiches escalades, planification des jalons obligatoires) viennent impacter les rares plages d’autonomie à la main des conseillers ?

Sale temps pour les braves donc de chaque côté des bureaux de Pôle Emploi et ce n’est sans doute pas en stigmatisant les acteurs (DE et Conseillers) que la situation avancera. Pour rendre ses lettres de noblesse à l’accompagnement, car on ne doit pas oublier que Pôle Emploi a déjà été condamné pour défaut d’accompagnement, une solution parait s’imposer ; le recrutement de conseillers. Avec une baisse annoncée de 300 millions d’euros dans le budget de la mission emploi, il est peu probable malheureusement que cette option soit validée. Alors, « Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ».