A lire dans l’argumentaire de la FSU :
"-" des inégalités qui se creusent

"-" démontons les fausses évidences

"-" les propositions de la FSU : d’autres choix sont possibles !

Pour retrouver l’intégralité du Quatre pages :

http://www.fsu.fr/10-septembre-2013-4-pages.html

Les fausses évidences :

"-" « Les fonctionnaires sont privilégié-es » : FAUX !

La différence des règles entre le régime général et le régime des fonctionnaires donne lieu à une campagne mensongère. On laisse croire que le niveau des pensions du public est très supérieur à celui du privé : c’est faux !

Les dernières réformes ont été très dures aussi pour les fonctionnaires. En effet, pour eux, le calcul des trimestres se fait au jour près : en 2011, 18% des pensions de la fonction publique d’État sont touchées par une décote contre 7% des pension versées par la CNAV et 8% de celles versées à la CNRACL. Les mécanismes de rééquilibrage entre les hommes et les femmes sont également moins favorables dans le public où la bonification pour enfant est de 6 mois. La FSU revendique le retour aux dix meilleures années pour le régime général et le maintien du calcul sur le traitement des six derniers mois pour les fonctionnaires.

"-" « Les jeunes commencent à travailler plus tard, c’est normal qu’on leur demande de travailler jusqu’à 67 ans. » : NON !

Que ce soit parce qu’ils sont longtemps privés d’un premier emploi ou parce qu’ils font des études pour acquérir des qualifications dont la société a besoin, les jeunes entrent plus tardivement dans l’emploi. Déjà, la génération

née en 1978, à l’âge de 30 ans, a moins de trimestres validés (31) que celle de 1950 (42,6 ) mais on lui en demande plus pour le taux plein (171 trimestres contre 162). Ne pas prendre en compte les années d’étude ou celles de recherche d’un premier emploi pour la retraite, c’est condamner les futur-es retraité-es à des pensions insuffisantes. Allonger la durée de cotisation, c’est désespérer les nouvelles générations qui ne pourront jamais

obtenir une retraite digne et faire reculer encore la confiance des jeunes dans le système par répartition alors que tous les autres ont montré leur

faillite. C’est inviter celles et ceux qui le peuvent à rechercher un complément privé et pousser les autres vers la pauvreté.

"-" « Les inégalités entre les femmes et les hommes ne sont pas liées à la retraite » : FAUX !

Les écarts de salaires restent importants (20% dans le privé et 15% dans le public) ; ils ont cessé de se réduire depuis 1990. Pour la retraite, la décote constitue « une punition des carrières non linéaires » qui creusent les inégalités à la retraite. Ainsi, les femmes liquident plus souvent que les hommes une pension avec décote, plus souvent avec le maximum de décote, quand bien même les femmes sont bien plus fréquemment que les hommes conduites à travailler jusqu’à l’âge du taux plein. Et le fossé se creuse avec des pensions versées aux femmes qui représentent 53% de celles versées aux hommes !

Pour la FSU, il faut agir pour l’égalité pendant la vie professionnelle

mais dès maintenant, les femmes sont en droit d’attendre d’un régime

de retraite qu’il n’aggrave pas les inégalités vécues au travail !

"-" « Un régime unique résoudrait la situation des polypensionné-es. » : NON !

L’argument est souvent avancé par ceux qui défendent une réforme systémique. La situation des polypensionné-es est effectivement injuste. Avec une carrière complète, leur pension est en moyenne inférieure de 8% à celle des unipensionné-es. Mais même un régime unique en France ne résoudra pas la situation de ceux qui travaillent une partie de leur vie dans un pays étranger. Il faut donc élaborer des règles justes. Et cet argument cache la volonté d’installer en France un système par points ou à la suédoise, à « cotisations définies ». Les cotisations sont fixées mais les pensions sont ajustées à la situation économique ou démographique.

"-" « On vit plus longtemps… » : Tant mieux !

Ce serait donc normal de travailler plus longtemps… C’est toujours la même antienne depuis 20 ans. Oui, on vit plus vieux, et c’est tant mieux ! Mais l’espérance de vie en bonne santé est socialement inégale et ne

progresse plus depuis quelques années. Exiger des salarié-es qu’ils cotisent plus longtemps, en total décalage avec le fonctionnement du marché du travail, c’est leur imposer, avec la décote, des pensions plus faibles. Double peine pour celles et ceux qui ont des carrières courtes ou des emplois pénibles. C’est aussi fermer massivement la porte de l’emploi aux jeunes et en faire les grands perdants de demain.

Les gains de productivité doivent profiter aux salaires et à la diminution du temps passé au travail. C’est en partageant le travail et les richesses produites que l’on fera baisser le chômage et qu’on augmentera les recettes de la protection sociale.

"-" « En France, on n’a pas eu le courage de réformer comme ailleurs » : pas si simple !

Cet argument est asséné comme une évidence, mais la comparaison avec l’Allemagne, référence imposée, montre pourtant que l’évidence mérite au moins discussion. L’âge minimum de départ en retraite est de 62 ans en France (en 2017) contre 63 ans et 35 années de cotisations en Allemagne.

La pension à taux plein implique en France, outre les 62 ans, 41,5 années de cotisations (en 2020) contre 45 années, mais sans condition d’âge, en Allemagne. Enfin l’accès au taux plein, quelle que soit la durée de

cotisation, est acquis aujourd’hui dans les deux pays à 65 ans. Cet âge est porté à 67 ans dès 2018 en France et en 2029 seulement en Allemagne au terme d’un processus beaucoup plus progressif. Au bout du compte, les deux systèmes se tiennent de bien plus près qu’on ne le croit

habituellement.

"-" « En temps de crise, tout le monde doit faire des efforts » : Mais tout le monde n’en fait pas !

Si les recettes des caisses de retraite sont plombées par le taux élevé

de chômage, les faibles salaires, et la récession, ce marasme économique provient de la crise financière de 2008 : or aucun « effort » n’est demandé à ceux qui l’ont provoquée. Aucun « effort » pour les revenus du capital,

alors que les dividendes sont toujours plus élevés. Et croit-on vraiment qu’en comprimant les revenus des retraité-es, donc la demande, on permettra à la croissance de repartir à la hausse, et donc au chômage de diminuer ? Les « efforts » exigés ne sont qu’un leurre qui consiste à faire payer aux salarié-es une crise dont ils ne sont pas responsables, et à les pousser vers des assurances privées, donc à aggraver les politiques libérales qui sapent la protection sociale.

"-" « Les retraité-es sont des nantis » : FAUX !

Il y a certes des retraité-es qui vivent très bien, et même mieux que certains actifs ou actives, mais globalement, le niveau de vie médian des retraité-es reste inférieur à celui des actifs, même s’il s’en est rapproché. Tous régimes confondus, le montant moyen de la pension de droit propre était, fin 2010, de 1 216 euros par mois (1 552 pour les hommes et 899 pour les femmes, qui ont des carrières plus hachées). Derrière ces moyennes, se cachent des retraites de misère : 10,5% de retraité-es pauvres et 680 000 bénéficiaires du minimum vieillesse (787 euros par mois). Les pensions ont cessé depuis 1987 de suivre l’évolution des salaires, ce qui dégrade leur pouvoir d’achat tout au long de la retraite, et on voudrait aller plus loin en les désindexant des prix !