Quel futur pour notre service public d’enseignement supérieur et de recherche (ESR) ? C’est une question cruciale pour notre société. Les missions de ce service public – au service des besoins sociaux – doivent se développer indépendamment de pressions lobbyistes et managériales. Côté recherche par exemple, l’exploration du champ de la connaissance doit se faire avec curiosité mais sans œillères particulières et en se donnant du temps. Ainsi le décalage avec les politiques de recherche de ces dernières années peut surprendre (montage permanent de projets, appels en « ex » [1]). A côté de la recherche et en lien avec elle, on en est droit de trouver des formations – initiale, continue, formation tout au long de la vie … – permettant de donner les connaissances nécessaires et de développer un esprit critique pour tous et toutes les citoyens-ennes. Enfin, l’ensemble de ces missions doit se nourrir des échanges et coopérations possibles (National, Europe, Monde).
Parmi les derniers éléments de réponse avancés par la nouvelle ministre de l’ESR, Geneviève Fioraso, la tenue d’Assises de l’ESR doit aboutir à un nouveau projet de loi début 2013. En plus des débats et AG locales, régionales et nationales, le ministère a mis en ligne un site internet dédié [2] permettant à tout un chacun de déposer ses propres contributions : cliqué, contribué, c’est envoyé ! La démocratie facile à portée de tous. On peut ainsi prendre connaissance de plusieurs centaines de contributions. Néanmoins, on peut craindre actuellement que le paysage universitaire français, tel que remodelé depuis la loi LRU et le passage aux RCE [3] , ne soit retouché qu’à la marge.
Chez nous, la tenue des assises a revêtu un caractère inédit : la carte des territoires proposée fond déjà les frontières de la Bourgogne et de la Franche-Comté ! Est-ce pour mieux nous préparer à la fusion UB-UFC ? Toujours est-il que se sont tenues des réunions sur 3 jours avec 1 thème officiel par jour : réussite des étudiants le 5 octobre à Dijon, nouvelle ambition pour la recherche le 8 à Besançon et le 15 à Dole sur le nouveau paysage de l’enseignement supérieur et la recherche. Une synthèse nationale des propositions collectées par les rapporteurs territoriaux est prévue les 26-27 novembre. Dans ces discussions peut-être trop générales, les élus SNESUP-FSU ont fait entendre leurs revendications, débordant les thèmes imposés et rappelant l’appel à une rupture profonde et à des mesures immédiates pour le service d’ESR [4]. Outre cette consultation nationale, il revient à chacun de se mobiliser et de rester vigilant, et ceci sur tous les thèmes qui nous importent, ce qui inclut notamment : statut des personnels (réaffirmer le statut national…), résorption de la précarité, garantie du droit à la recherche, formation des enseignants, …
[1] On fait allusion ici aux appels d’offres lancés à l’été 2010 dans le cadre du Grand Emprunt : Equipex (équipements d’excellence), Labex (laboratoires d’excellence), Idex (Initiatives d’excellence), etc. obligeant les candidats, dans l’urgence, à élaborer des projets scientifiques et à définir des nouvelles structures. On peut signaler ici le mouvement slow science – par analogie avec la slow food – lancé par des chercheurs militants pour stopper la course à la productivité et à l’ « excellence » scientifiques. Voir par exemple à ce sujet le manifeste de l’Académie Slow Science, en anglais, à l’adresse http://slow-science.org/ ou l’article d’O.P. Gosselain, Slow Science – La désexcellence, disponible à l’adresse : http://www.sisyphe.upmc.fr/~lemoine/docs/La Desexcellence.pdf
[3] Loi Libertés et Responsabilités des Universités (LRU), Responsabilités et Compétences Elargies (RCE)
[4] On trouvera une série de fiches rédigées à cet effet sur les thématiques du supérieur reliées en carnet et disponibles à l’adresse : http://www.snesup.fr/Le-Snesup/L-actualite-du-SUP?aid=6434&ptid=5 ou encore le document PDF ci-joint « LA FSU propose »