Retraites, emploi, salaires, avenir des services publics : journée nationale d’action interprofessionnelle avec grèves et manifestations à l’appel de CGT, CGT-FO, FSU, Solidaires.
En jouant au chat et à la souris par des consultations en trompe-l’œil à la fin du mois d’août, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a déçu en faisant la promotion d’une énième et injuste réforme des retraites, dont on voudrait nous faire croire qu’elle serait peut-être la der des ders.
Une fois de plus la guerre des chiffres fait rage et les discours dominants jouent la carte de la mauvaise conscience pour culpabiliser les salarié-es, les chômeuses et les chômeurs, les retraité-es, qui bientôt, n’en doutons pas, seront invité-es à demander pardon au patronat et à la finance de vivre plus longtemps dans une société qu’ils ont pourtant rendue plus riche qu’avant par leur travail et leurs gains de productivité !
La FSU appelle les citoyens et les citoyennes à refuser la culpabilisation et le fatalisme ambiants.
Cette pseudo-réforme des retraites est injuste et pénalise toujours les mêmes. C’est une fois de plus la politique du rabot qui arrache encore un lambeau de chair aux plus maigres – les salarié-e-s les plus modestes, les classes moyennes, les victimes du chômage et des carrières précaires, les femmes aux carrières plus morcelées, les jeunes qui entrent plus tard qu’avant dans la vie active – et ce coup de rabot est épargné au patronat et à la minorité qui profite de la rente du capital. Le gouvernement a même envoyé sans pudeur le ministre de l’économie et des finances Pierre Moscovici à l’université d’été du Medef, afin de cajoler et dorloter son président Pierre Gattaz, en lui promettant que les hausses de cotisation ne le concerneraient pas grâce à un subterfuge qu’on ne cherche même plus à dissimuler.
Aux un-es le coup de rabot supplémentaire et douloureux, et aux autres la pommade !
Ce gouvernement, porté au pouvoir par les voix de toute la gauche, joue pourtant sur les mêmes leviers que ses prédécesseurs, à savoir l’augmentation des cotisations pour tous les salariés (mais pas pour les entreprises !) et l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités.
Où est le progrès social quand on laisse les revenus de la finance et du capital augmenter année après année, quand on laisse stagner les investissements et chuter lourdement la part des salaires dans les richesses produites, quand on laisse ce véritable hold-up social se perpétrer en toute impunité ?
Où est le progrès social quand on demande aux salarié-es de travailler à un âge plus avancé, bien au-delà de l’espérance de vie en bonne santé, qui a d’ailleurs commencé à régresser, en-dessous de 62 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes ?
Pour la FSU, c’est une autre logique qui doit présider à la réforme des retraites que la logique défaitiste du gouvernement qui a baissé les bras face à l’idéologie néolibérale dominante. Il faut au contraire une réforme qui revienne sur les régressions des réformes passées ! La FSU revendique notamment le droit à la retraite à 60 ans, 37,5 annuités pour atteindre le taux de remplacement de 75 %, une prise en compte réelle et juste des années d’études, de formation et de recherche du premier emploi.
Il ne faut pas craindre d’affronter l’ennemi de la finance que le candidat Hollande dénonçait avant d’être élu ; il ne faut pas craindre de faire la chasse aux évasion et aux fraudes fiscales qui représentent 60 milliards d’euros par an.
Il ne faut pas faire dans la demi-mesurette pour calmer le jeu d’un côté alors qu’on a fait de la casse de l’autre. Ainsi les modestes propositions du gouvernement, prise en compte de la pénibilité au travail et prise en compte des années d’étude pour les jeunes, sont bonnes en principe mais insuffisantes ou inapplicables en réalité. La FSU dénonce cette poudre aux yeux : en l’état actuel les jeunes n’auraient pas les moyens d’acheter la validation de leurs années d’études, et la pénibilité ne serait prise en compte que de manière beaucoup trop restrictive !
La FSU défend une vision globale de la situation sociale et économique de notre pays : la réforme des retraites ne doit pas être déconnectée des questions de l’emploi, des salaires et de l’avenir des services publics.
La lutte contre le chômage, la nécessité d’augmenter les salaires et par là-même les cotisations de manière juste et équitable, la nécessité d’une redistribution plus juste des richesses nationales, sont de justes revendications intersyndicales que porte avec force la FSU. C’est l’avenir du système de retraite par répartition qui en dépend. C’est l’état du corps social meurtri et fragilisé qui les demande impérieusement.
Pour la FSU, ces revendications ne sont ni utopiques ni d’arrière-garde. Elles sont au-delà du crédible ou du raisonnable : dans un monde toujours plus menacé par les sirènes du néolibéralisme aveugle et sourd à la voix des peuples, elles sont urgentes, vitales et indispensables. Relevons la tête, ne cédons sur rien et faisons entendre notre voix aujourd’hui comme demain !