Cher-es camarades,

Qu’il semble loin, ce mois de janvier où les questions de solidarité et de vivre ensemble étaient dans tous les esprits et dans tous les médias !

Après le temps de l’émotion, des hommages, des rassemblements qui ont montré la capacité des citoyen-nes à faire face à l’obscurantisme et à réaffirmer leur attachement profond aux valeurs qui fondent notre société, le temps est maintenant celui des réponses politiques, et comme ces réponses politiques font défaut, ou pire encore vont dans la mauvaise direction, le temps est maintenant celui de la mobilisation des salarié-es !

Cette journée d’action inter-professionnelle, suivie dans toute la France, doit retentir comme un avertissement pour ce gouvernement, engagé dans une mauvaise direction, et restant sourd aux revendications des salarié-es et de la majorité de la population qui souffre de sa politique d’austérité.

Malgré les belles paroles des uns et des autres au gouvernement, force est de constater que la reprise se fait attendre, que le chômage continue sa progression et touche particulièrement les jeunes les moins qualifiés et les femmes, et que les inégalités se creusent. La précarité, le déclassement et la peur du déclassement sont des situations bien réelles pour nombre de salariés.

C’est un terreau propice au développement des fanatismes et des démagogies les plus extrêmes, à la tentation du tout-sécuritaire qui réglerait les problèmes d’un coup de bâton magique au mépris des droits et des libertés citoyennes. Pour la FSU au contraire, priorité doit être donnée à la jeunesse, par l’éducation, et par l’emploi, par un projet éducatif ambitieux qui offrira à tous les jeunes la perspective de trouver leur place dans la société.

En effet la rentrée 2015 s’annonce difficile : les moyens supplémentaires alloués, pour une bonne part absorbés par les besoins en formation initiale et la réforme de l’éducation prioritaire, ne seront pas suffisants pour améliorer les conditions de travail, aussi bien dans le premier degré que dans le second degré général et professionnel et que dans l’enseignement supérieur. Ce gouvernement ne fait rien pour rétablir les postes supprimés par le quinquennat Sarkozy-Fillon.

La réforme du collège qui est en préparation ne répond pas aux enjeux, et ne permettra pas de baisser les effectifs des classes, de permettre plus de travail en petits groupes, de mieux former les personnels. Elle risque, comme ce fut le cas pour le lycée, de désorganiser le collège, avec davantage de déréglementations et d’inégalités, sans apporter aucune réponse à la difficulté scolaire, et ne permettra pas une nouvelle étape de démocratisation pour la réussite de tous et toutes.

Avec l’éducation, l’emploi est aujourd’hui au centre des enjeux. Augmentation des salaires, des pensions des retraité-es, création des emplois nécessaires, amélioration des conditions de travail sont des préoccupations quotidiennes des salarié-es, du public comme du privé.

La loi Macron poursuit l’œuvre néo-libérale de destruction du droit du travail menée depuis des années et que ce gouvernement qui se dit de gauche ne fait que poursuivre sur injonction du MEDEF. On ne compte plus les cadeaux considérables et injustifiés consentis aux grandes entreprises, en pure perte : les organisations syndicales, dont la FSU, réclament toujours avec insistance que soit fait le bilan du mal nommé Crédit Impôt Compétitivité Emploi, ruineux et inefficace.

La Fonction publique n’est pas épargnée par l’action gouvernementale, alors qu’en dépit des idées reçues ses agent-es fournissent un travail admirable pour assurer les missions de service public dans des conditions de plus en plus difficiles, des missions de service public qui créent de la richesse, qui servent la population et amortissent les effets de la crise. Encore faut-il pour cela donner aux services publics les moyens d’être efficaces ! Encore faut-il par exemple ne pas réduire le volume horaire d’accueil du public à Pôle Emploi, remplacé par un accueil téléphonique moins satisfaisant !

Pour beaucoup d’agents des fonctions publiques aussi, la vie est difficile : 20 % d’entre eux sont payés au niveau du SMIC et les nouvelles grilles pour la catégorie C sont loin d’apporter une réponse suffisante. Les politiques indemnitaires jouent contre l’emploi et les solidarités, elles aggravent les inégalités, notamment entre les femmes et les hommes. Les professions qualifiées sont insuffisamment rémunérées. Une conséquence directe et inquiétante en est par exemple la crise de recrutement profonde des métiers enseignants. C’est pourquoi la FSU demande au gouvernement de mettre fin au gel du point d’indice et d’ouvrir sans plus attendre des négociations salariales.

Le gouvernement objectera inlassablement et sans vergogne que la situation économique de notre pays ne le permet pas : c’est oublier un peu vite que 59% de la dette publique résultent de choix fiscaux favorables aux plus riches, de politiques de réductions des recettes et de la décision d’emprunter sur des marchés financiers à des taux d’intérêt excessifs. C’est oublier aussi que les exonérations fiscales et la fraude fiscale grèvent le budget de l’Etat, ce à quoi il est mal répondu par des hausses d’impôts injustes qui frappent surtout les ménages les plus modestes.

C’est oublier que la consommation des ménages est un levier essentiel de la reprise économique.

C’est oublier un peu vite aussi que notre pays est un pays riche, mais que sa richesse est mal répartie.

Au cours de ces quinze dernières années, la productivité des salarié-es a augmenté quand les salaires n’ont augmenté que de 0,4%. Depuis 1981, la part du capital dans la valeur ajoutée des entreprises a augmenté de 10%. Les profits des entreprises du CAC 40 ne cessent d’augmenter. Les écarts entre les plus riches et les plus pauvres ne cessent de s’accroître. Les choix économiques et budgétaires sur les rails des politiques d’austérité sont non seulement inefficaces car ils ne permettent pas de répondre aux défis de notre siècle (climat, développement durable, progrès pour tous….) mais dangereux car ils creusent les inégalités et mettent à mal la démocratie.

D’autres politiques sont non seulement possibles, mais surtout absolument indispensables !

La réforme territoriale qui se mène actuellement dans l’opacité, tenant à l’écart les agent-es et les organisations syndicales, vise à des économies budgétaires au détriment de la justice sociale. Cette réforme territoriale doit au contraire se donner comme objectifs le développement des services publics et la réduction des inégalités entre les citoyens comme entre les territoires.

Le gouvernement ne fait pas aujourd’hui de la Fonction publique un levier indispensable pour contribuer au redressement économique du pays ni un facteur essentiel de cohésion, de justice sociale ou encore de préparation à la transition écologique. Le prisme comptable laisse toujours à penser qu’elle est plus une charge qu’un investissement. La FSU poursuit son engagement pour imposer de manière urgente une orientation inverse.

Pour améliorer la situation des salarié-es, pour vaincre le chômage, pour faire les investissements nécessaires dans le secteur public comme dans le secteur privé, pour développer les services publics sur les territoires, la FSU appelle le gouvernement à engager les discussions promises pour une réelle réforme fiscale, plus juste et plus redistributive. Elle l’appelle à remettre le MEDEF à sa place et à écouter enfin les revendications des salarié-es, et à prendre dès demain des mesures pour la reprise économique et la justice sociale.