Cher-es camarades,
Le printemps dernier, nous avons mené le combat contre la loi El Khomri, qui agressait avec une sauvagerie encore jamais vue le Code du travail.
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour nous opposer à la nouvelle réforme par ordonnances du Code du travail, c’est-à-dire que nous nous battons pour défendre nos droits et pour en conquérir de nouveaux.
Mais du sommet de l’Olympe, Jupiter-Macron a tonné pour exprimer son mécontentement à l’encontre, je cite, des « fainéants », des « cyniques », des « extrêmes ».
Cela ne nous a pas dissuadé.es de nous rassembler aujourd’hui, bien au contraire.
Aujourd’hui à Dijon, comme partout en France, nous nous regardons les yeux dans les yeux, tous autant que nous sommes, et nous ne voyons pas parmi nous de fainéants, mais nous voyons des retraité-es qui ont cotisé toute leur vie active pour des pensions modestes ou plus que modestes et dont l’augmentation de la CSG va réduire un peu plus le pouvoir d’achat ; mais nous voyons des salarié-es qui mettent toute l’année du cœur à l’ouvrage (car personne n’aime mal faire son travail) et tout cela pour des salaires qui n’augmentent pas ou si peu, et dans des conditions de précarité insupportables pour beaucoup trop d’entre eux ; mais nous voyons des étudiant-es qui travaillent à se former et qui espèrent bien un jour occuper des emplois de qualité avec des salaires attractifs, et qui travaillent déjà pour la moitié d’entre eux, car toutes les familles ne peuvent pas financer les études de leurs enfants.
Nous ne voyons pas non plus parmi nous de cyniques ni d’extrémistes, mais des hommes et des femmes indigné.es, frappé.es dans leurs convictions et leurs valeurs, et qui entendent bien défendre leurs droits, et leur dignité.
Jupiter-Macron a dû mal voir, mais c’est sans doute parce qu’il ne connaît que la haute société du pays dont il a été élu président avec si peu de voix, et avec encore moins de voix par conviction, ne l’oublions pas.
Il a dû confondre l’écrasante majorité des habitant-es de ce pays avec ses amis libéraux, ses amis du Medef, là où précisément se trouvent les cyniques et les extrémistes.
Le cynisme et l’extrémisme, c’est de recourir aux ordonnances afin de réduire à peau de chagrin le rôle du Parlement.
Le cynisme et l’extrémisme, c’est de rédiger des ordonnances dont le seul but est de réduire à presque rien les droits des salarié-es.
Le Medef en a rêvé, Macron et Philippe veulent le faire : programmer la disparition des CHSCT, faciliter encore plus les licenciements, retirer leurs moyens d’action aux syndicats ou même les mettre sur la touche dans les petites entreprises.
Il faut réaffirmer des évidences : c’est l’employeur qui est en position de force face aux salarié-es, et ce sont les salarié-es, pas l’employeur, qui ont besoin de garanties et de protection.
Cette attaque sauvage contre le code du travail s’inscrit dans un projet global que nous ne connaissons que trop et qui s’amplifie aujourd’hui.
Ce sont les politiques d’austérité, et c’est donc moins de recettes fiscales pour l’État parce qu’il faut baisser les impôts des plus riches et laisser les entreprises faire plus de profits sur le dos des salarié-es, ce sont des baisses de dotation de l’État aux collectivités territoriales, c’est la diminution brutale et drastique des contrats aidés, et au bout de la chaîne, c’est la cohésion sociale dans les territoires qui est mise à mal, et les classes populaires qui paient le prix fort cette politique d’austérité budgétaire, et qui le paient deux fois, une première fois en tant que salarié-es par la destruction du code du travail, et une deuxième fois par la dégradation des services publics, la seule richesse de ceux qui n’ont rien.
Les inégalités sociales se combattent à l’école, c’est-à-dire de l’école maternelle à l’université, elles se combattent dans le tissu associatif, dans les centres sociaux, dans les services communaux et intercommunaux culturels et sportifs.
Les fonctionnaires sont tous et toutes concerné-es par la casse du code du travail, car demain leur tour viendra de voir leur statut et leurs droits remis en cause. Qui peut croire que les CHSCT seraient maintenus dans les services et les établissements publics s’ils disparaissaient des entreprises ? Qui peut croire que les instances paritaires qui fonctionnent déjà mal resteraient inchangées si on fusionnait les institutions représentatives du personnel dans le privé ?
Les fonctionnaires aussi ont tout à perdre de la casse du code du travail, et ce d’autant plus qu’un nombre croissant de leurs collègues de travail ne sont pas fonctionnaires mais des agent-es publics non titulaires, c’est-à-dire précaires.
La FSU, fédération de fonctionnaires, réaffirme que la solidarité entre salarié-es du privé et du public est une évidence et une nécessité absolue.
Aujourd’hui pas plus qu’au printemps dernier l’unité syndicale n’est réalisée, mais rien n’est jamais figé.
Partout en France des syndiqué.es d’organisations qui n’ont pas appelé à cette journée d’action sont pourtant dans la rue, des UD, des sections, ou des syndiqué.es de base qui ont pris leur décision en leur âme et conscience.
Cette journée en appellera d’autres, et il nous appartient à tous et toutes d’en faire des journées d’action les plus unitaires possible, de porter haut les couleurs des salarié-es, des retraité-es, de la jeunesse de ce pays, afin de redonner espoir à la majorité jusque là silencieuse d’une population accablée par des années de régression sociale à tous les étages.
Le président Macron et le gouvernement Philippe doivent entendre ce message : nous ne nous résignons pas, nous refusons la casse du code du travail, et nous refusons que ce pays soit gouverné par le Medef !