22 ! Mars attaque les Services Publics à grand renfort de poudre de Perlimpinpin. Yé n’en pé plou, yé n’en pé plou. Si le retour du permafrost sur le point d’indice et le rétablissement du jour de carence n’étaient qu’un galop d’essai, la modernisation de l’action publique, AP2022 pour les intimes, est un plat de résilience difficile à digérer. Messieurs, tirez les premiers !
Sous le charme des courbes on prépare les départs. Plan de départ volontaire (sorte de mise à la sauce publique des ruptures conventionnelles individuelles et collectives du privé), réflexions statutaires et recours aux contrats privés, réduction des dépenses à hauteur de 60 millions sur 4 ans, rénovation du dialogue social à l’aune des ordonnances loi travail, telles sont les pilules que nous devons avaler ! Du sang froid dans les veines, soyons Zen. Le Z… comme Zen « tout va bien se passer » du petit dico d’action publique 2022 résonne plus comme le « Ayez confiance de Kaa » tant la conception du dialogue social diffère entre ceux qui le portent et ceux qui l’écoutent.
22 ! Mars attaque les Services Publics à coup de Merlin désenchanteur quand les maîtres mots de la modernisation, baguette magique d’Harry Potter, sont Digitalisation et Numérique. Nous sommes les robots, nous vous ferons la peau. « Parcoursup », « Liberscol », « Mooc », « MAP » [1], ces outils façonnent et s’immiscent dans nos actes métiers avec le risque à terme pour certains de nous remplacer. C’est la philosophie qui a sous-tendu la dématérialisation de l’inscription à Pôle Emploi se traduisant, même si les gains de productivité escomptés ne sont pas au rendez-vous, par la réduction des effectifs dédiés au traitement de l’indemnisation des demandeurs d’emplois. Je ne parlerai pas de « Bob Emploi », qui a fait un flop, et qui se proposait à grand renfort d’algorithmes de remplacer le-la conseiller-ère.
22 ! Mars attaque les Services Publics à coup de clichés surannés, opposant le public au privé, l’usager au nanti fonctionnaire. On ressort les emplois en doublons, une certaine iniquité relative à la sécurité de l’emploi, l’absentéisme, les régimes spéciaux et la prise en otage des usagers pour opposer les agents de la Fonction Publique et ses opérateurs au reste de la population. Quand les médias paniquent, tout l’ monde panique. Gagner l’opinion pour discréditer les mouvements sociaux est un sport national dont le dernier exemple en date est celui de la SNCF. Pour légitimer le recours aux ordonnances sur ce dossier, le gouvernement s’appuie sur la grogne des usagers vis-à-vis des retards à répétition et focalise l’attention sur le statut particulier des cheminots. Oubliées les fermetures de lignes préconisées dans le rapport Spinetta, la mise en concurrence prochaine de la SNCF porteuse de risques en terme de qualité de service…
« Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! » Pas sûr camarade soixante-huitard ! Le chant de régressions sociales est en marche, sans jeux de maux j’tassure. Le vieux monde relooké, Pangolins cuirassés Versace ou Jonas & Compagnie, à coups de réforme nous chloroforme ! Mais pour fêter ton cinquantenaire, un 22 mars qui plus est, tâchons de rappeler à tes anciens amis « qu’être libre en 1968 2018, c’est participer » !
Francis Chambarlhac
[1] MAP : Mon Assistant Personnel, application interne Pôle Emploi dont le but est d’accompagner le conseiller dans son diagnostic et ses plans d’actions vis à vis des demandeurs d’emplois. »