L’actualité du point de vue de l’égalité –

En ce début d’année 2011, des peuples se soulèvent, dans une aspiration légitime à davantage de liberté, de démocratie, de justice. Dans ces luttes, les femmes agissent et manifestent au côté des hommes, on a pu les voir en première ligne, actives et déterminées. Le CNDF l’affirme : « Ce 8 mars 2011, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, n’est pas un 8 mars comme les autres. C’est un 8 mars porteur d’espoir venu du Sud. Un Sud en marche revendiquant la dignité, la liberté et l’égalité. »

Et, comme nous le rappelle l’historien Guillaume Mazeau : « Dans l’Histoire, les crises, en particulier les guerres et les révolutions, ont souvent engendré une remise en cause de la domination masculine. » Des femmes de toute la société ont manifesté, jeunes ou âgées, citadines ou paysannes, diplômées ou venant des classes populaires, tête nue ou voilées. Mais en Tunisie, comme en Égypte, comme partout ailleurs, elles ont aussi des revendications spécifiques. Elles se battent pour leur autonomie, pour inscrire l’égalité des droits dans la constitution, pour instaurer la séparation du religieux et du politique, pour réformer le code de la famille, générateur de discriminations sexistes, pour participer davantage aux débats et aux décisions politiques de leurs pays.

Et chez nous ? Certain-e-s prétendent il n’y aurait plus de problèmes de sexisme dans nos sociétés occidentales… ou plutôt qu’ils seraient circonscrits aux quartiers défavorisés… ! On observe en effet une volonté certaine de pervertir les luttes contre le sexisme et l’homophobie, ou pour la laïcité, en leur désignant un prétendu coupable : l’islam ! Mais rappelons-nous plutôt que l’ennemi commun est cette incapacité à penser la diversité autrement qu’en terme de supériorité de l’homme blanc, hétérosexuel (voire viril !) et héritier de l’occident chrétien ; c’est encore flagrant dans le discours que Sarkozy a prononcé le 3 mars au Puy-en-Velay.

Il n’y aurait plus de problèmes de sexisme en France ? Alors que des milliers de femmes subissent la violence de leurs conjoints, alors que le chômage et la précarité touchent davantage les femmes, que les inégalités salariales s’accroissent de nouveau ? Sans parler de la réforme des retraites qui va précipiter dans la misère de nombreuses femmes ! Ni notre Parlement, ni les candidatures aux élections ne sont des modèles de parité, non plus. Oh, bien sûr, l’actualité nous a démontré que les femmes politiques sont également capables de compromissions, à l’instar de leurs collègues masculins ! Mais on ne peut que constater que, de remaniement en remaniement, elles sont quand même poussées vers la sortie…

Saluons aussi les manifestantes (et manifestants) italiennes qui sont descendues dans la rue le dimanche 13 février pour exprimer leur rejet du comportement machiste de leur premier ministre, et leur refus d’être considérées comme objets sexuels.

Oui, le combat féministe est toujours d’actualité, combat pour l’égalité des droits et contre les discriminations. Continuons à lutter contre ces préjugés grossiers qui attribuent aux filles le langage et les émotions, aux garçons la logique, le raisonnement et la lecture des cartes routières ! La chercheuse Lise Eliot, dont l’ouvrage Pink brain, blue brain est sur le point de paraître en France, démontre que les particularités du cerveau sont individuelles et relèvent plus de l’expérience de chacun-e que de sa génétique. Dénonçons les fausses conclusions qui expliquent les envies de shopping de « la fâme » par les variations de son cycle menstruel ! Avec l’idée que les comportements des femmes seraient biologiquement déterminés, on n’est pas loin de les renvoyer aux soins familiaux et domestiques pour lesquelles elles seraient naturellement douées… Oui, les cerveaux humains sont programmés, mais pour une seule chose : pour apprendre !

Les différences de comportements entre filles et garçons existent, mais elles ne sont pas innées : les enfants grandissent en fonction de ce qu’on attend d’eux, de l’image qu’on leur renvoie. Et donc en se conformant aux stéréotypes. Travaillons à déconstruire ces stéréotypes auprès des jeunes que nous côtoyons, afin de leur rendre possibles tous les choix de vie, (orientation professionnelle, loisirs, …) quel que soit leur genre.

Ce sont également les objectifs que se sont donnés les enseignant-e-s syndicalistes du monde entier réuni-e-s par l‘Internationale de l’Éducation en janvier 2011 : « Nous concentrons nos énergies afin d’améliorer l’accès à l’éducation pour les filles, d’éliminer les stéréotypes liés au genre dans l’éducation et de lutter pour un travail décent et de bonnes conditions de travail, y compris l’équité salariale pour les femmes. »

Cécile Ropiteaux – 6 mars 2011